La région de Mortagne sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle)
Marin-Jacques Boutillier de Saint-André est né à Mortagne-sur-Sèvre le 1er septembre 1746. Il est l’un de ces destins tragiques, foudroyé dans la Guerre de Vendée et dont le parcours s’acheva à Nantes le 11 avril 1794 sur la place du Bouffay dans la longue liste des guillotinés condamnés à mort par Carrier et le tribunal révolutionnaire.
Le destin tragique du premier maire de Mortagne
Il fut élu maire de Mortagne-sur-Sèvre en 1790, à l’époque ou la Révolution était encore bien accueillie dans ces provinces de l’Ouest qui allaient si opiniâtrement la combattre quelques années plus tard. Il fut ensuite nommé président du tribunal du district de Cholet.
Modéré, à l’époque ou les enragés et les violents l’emportent, il est destitué et regagne Mortagne avant le soulèvement vendéen de mars 1793. Là encore sa modération l’empêche de prendre des responsabilités dans les événements lorsque deux de ses frères, Boutillier du Retail et Boutillier des Hommelles prennent les armes et rejoignent l’insurrection.
Le destin tragique du premier maire de Mortagne
Il fut élu maire de Mortagne-sur-Sèvre en 1790, à l’époque ou la Révolution était encore bien accueillie dans ces provinces de l’Ouest qui allaient si opiniâtrement la combattre quelques années plus tard. Il fut ensuite nommé président du tribunal du district de Cholet.
Modéré, à l’époque ou les enragés et les violents l’emportent, il est destitué et regagne Mortagne avant le soulèvement vendéen de mars 1793. Là encore sa modération l’empêche de prendre des responsabilités dans les événements lorsque deux de ses frères, Boutillier du Retail et Boutillier des Hommelles prennent les armes et rejoignent l’insurrection.
Le chroniqueur des Vendéens
La Vendée volant alors de succès en succès, on établit à Chatillon-sur-Sèvre (aujourd’hui Mauléon) un Conseil Supérieur. Le Général d’Elbée prie en vain Marin-Jacques Boutillier de Saint-André d’y prendre la place d’avocat général, mais pressentant l’avenir funeste de la cause vendéenne l’ancien maire de Mortagne refuse.
D’Elbée, connaissant l’érudition et la facilité pour l’écriture de Boutillier de Saint-André, va alors demander à ce dernier de se faire l’historiographe de la Vendée. Des courriers des combats lui seront envoyés, il obtiendra des documents auprès de tous les chefs du mouvement et consignera au jour le jour les événements de cette guerre atroce depuis ce mois de mai 1793, où le Conseil Supérieur est établi, jusqu’en octobre de la même année, où ces documents si précieux à la compréhension et à la description de cette guerre civile partiront en fumée dans les flammes de l’incendie de sa maison à Mortagne-sur-Sèvre, le 15 octobre 1793.
Pour l’accompagner dans cette mission, il se sert de son fils aîné de treize ans comme copiste. C’est ce fils, Marin-Jacques-Narcisse Boutillier de Saint-André, qui survécut aux événements, qui publia ses Mémoires dans un livre de souvenirs, tant ceux qu’il avait lui-même vécus aux cotés de ses parents à Mortagne-sur-Sèvre, que ceux que lui dictait son père, informé des combats et des faits éloignés de par la mission que d’Elbée lui avait confiée.
La Vendée volant alors de succès en succès, on établit à Chatillon-sur-Sèvre (aujourd’hui Mauléon) un Conseil Supérieur. Le Général d’Elbée prie en vain Marin-Jacques Boutillier de Saint-André d’y prendre la place d’avocat général, mais pressentant l’avenir funeste de la cause vendéenne l’ancien maire de Mortagne refuse.
D’Elbée, connaissant l’érudition et la facilité pour l’écriture de Boutillier de Saint-André, va alors demander à ce dernier de se faire l’historiographe de la Vendée. Des courriers des combats lui seront envoyés, il obtiendra des documents auprès de tous les chefs du mouvement et consignera au jour le jour les événements de cette guerre atroce depuis ce mois de mai 1793, où le Conseil Supérieur est établi, jusqu’en octobre de la même année, où ces documents si précieux à la compréhension et à la description de cette guerre civile partiront en fumée dans les flammes de l’incendie de sa maison à Mortagne-sur-Sèvre, le 15 octobre 1793.
Pour l’accompagner dans cette mission, il se sert de son fils aîné de treize ans comme copiste. C’est ce fils, Marin-Jacques-Narcisse Boutillier de Saint-André, qui survécut aux événements, qui publia ses Mémoires dans un livre de souvenirs, tant ceux qu’il avait lui-même vécus aux cotés de ses parents à Mortagne-sur-Sèvre, que ceux que lui dictait son père, informé des combats et des faits éloignés de par la mission que d’Elbée lui avait confiée.
Le Bois des Granges
Les Mémoires d'un père à ses enfants
Ces Mémoires d’un père à ses enfants, Une famille vendéenne pendant la Grande Guerre 1793-1795, ne parurent pourtant qu’en 1896, lorsque la famille fit connaître ces écrits. Ouvrage qui ne laissera pas le lecteur indifférent, car il décrit les horreurs de la Guerre de Vendée vues et vécues par un enfant.
Au moment de la prise de Mortagne par les républicains, l’auteur de ces Mémoires nous livre une histoire classique de trésor de cette époque, l’enfouissement de valeurs avant la fuite. Avant de quitter leur maison, devant l’avance pressante des troupes qui répandaient alors le meurtre, l’incendie et le pillage, Marin-Jacques-Narcisse Boutillier de Saint-André nous décrit cette scène qui a du être tant vécue au milieu de toutes les guerres de l’Histoire :
« Le lendemain, de bonne heure, nous nous rendîmes à Mortagne : nous trouvâmes la ville presque déserte ; tout le monde avait fui. Ma mère avait conservé quelques sommes d’argent qu’elle n’avait pas encore cachées. Mon père employa le reste de la journée à faire des étuis en terre jaune qu’il consolidait en les faisant cuire au feu : il y glissa des écus et quelques louis […] Nous portâmes le soir les étuis que mon père avait fait, partie dans le bois des Granges, partie dans un pré voisin de Mortagne. On fit des trous profonds dans la terre avec une barre de fer, dans lesquels on glissa les rouleaux ; et mon père, ma mère et moi, qu’ils avaient mené avec eux pour ce triste ouvrage, comme l’aîné et le plus discret, afin qu’en cas de survivance, je pusse me rappeler le lieu où nous cachions notre argent, nous remarquâmes bien, par des lignes que nous faisions aux arbres et par le nombre des pas, les endroits où étaient nos caches. Mon père, avant de glisser les rouleaux en terre, avait recouvert chaque étui d’une ardoise sur laquelle il avait gravé ces mots : Ad custodiam Dei (A la garde de Dieu). Ce que nous avion caché dans le pré fut retrouvé, trois ans après, par un paysan qui nous le rendit ; mais je n’ai jamais pu rencontrer ce que nous avions déposé dans le bois des Granges, malgré toutes les recherches que j’y ai faites à différentes fois. » (pages 167-168)
Ces Mémoires d’un père à ses enfants, Une famille vendéenne pendant la Grande Guerre 1793-1795, ne parurent pourtant qu’en 1896, lorsque la famille fit connaître ces écrits. Ouvrage qui ne laissera pas le lecteur indifférent, car il décrit les horreurs de la Guerre de Vendée vues et vécues par un enfant.
Au moment de la prise de Mortagne par les républicains, l’auteur de ces Mémoires nous livre une histoire classique de trésor de cette époque, l’enfouissement de valeurs avant la fuite. Avant de quitter leur maison, devant l’avance pressante des troupes qui répandaient alors le meurtre, l’incendie et le pillage, Marin-Jacques-Narcisse Boutillier de Saint-André nous décrit cette scène qui a du être tant vécue au milieu de toutes les guerres de l’Histoire :
« Le lendemain, de bonne heure, nous nous rendîmes à Mortagne : nous trouvâmes la ville presque déserte ; tout le monde avait fui. Ma mère avait conservé quelques sommes d’argent qu’elle n’avait pas encore cachées. Mon père employa le reste de la journée à faire des étuis en terre jaune qu’il consolidait en les faisant cuire au feu : il y glissa des écus et quelques louis […] Nous portâmes le soir les étuis que mon père avait fait, partie dans le bois des Granges, partie dans un pré voisin de Mortagne. On fit des trous profonds dans la terre avec une barre de fer, dans lesquels on glissa les rouleaux ; et mon père, ma mère et moi, qu’ils avaient mené avec eux pour ce triste ouvrage, comme l’aîné et le plus discret, afin qu’en cas de survivance, je pusse me rappeler le lieu où nous cachions notre argent, nous remarquâmes bien, par des lignes que nous faisions aux arbres et par le nombre des pas, les endroits où étaient nos caches. Mon père, avant de glisser les rouleaux en terre, avait recouvert chaque étui d’une ardoise sur laquelle il avait gravé ces mots : Ad custodiam Dei (A la garde de Dieu). Ce que nous avion caché dans le pré fut retrouvé, trois ans après, par un paysan qui nous le rendit ; mais je n’ai jamais pu rencontrer ce que nous avions déposé dans le bois des Granges, malgré toutes les recherches que j’y ai faites à différentes fois. » (pages 167-168)
Vue aérienne du Bois et de l'ancienne mine d'uranium
Le mystère du trésor des Boutillier
Voici donc une histoire tout à fait classique. Les lieux décrits par Marin-Jacques-Narcisse Boutillier de Saint-André sont aisément localisables : le Bois des Granges, site du second enfouissement, celui qui ne fut jamais retrouvé, s’étend toujours à l’est de Mortagne et conserve peut-être encore dans son sol le dépôt en question.
A ce stade de notre dossier trois hypothèses se proposent à nous :
1. Le trésor a été découvert et le découvreur ne s’est jamais fait connaître.
2. Le trésor n’a jamais été découvert et il est toujours dans le sol, sur place.
3. Le trésor a été déplacé dans les opérations d’extraction de la mine d’uranium exploitée à cet endroit même à partir des années 50.
Ce site du Bois des Granges se trouve au contact de la mine d’uranium de Poitou-La Gabrielle, de laquelle fut extraite 48 tonnes de minerai radioactif entre 1957 et 1986, date de la fin de l’exploitation du site par la Cogema. Il se pourrait qu’une zone ancienne de la forêt ait été ainsi défrichée et exploitée dans le cadre de ces extractions, auquel cas le dépôt pourrait avoir été mis à jour sans pour autant avoir été récupéré.
Dans cette hypothèse le dépôt aurait pu être traité avec les « stériles », ces déchets qui contiennent de l’uranium, mais en doses trop faibles pour intéresser l’industrie nucléaire. Ces résidus d’extraction rejoignent ainsi souvent une « verse », endroit ou l’on versait les stériles (quelques fois des étangs). Si le dépôt des Boutillier de Saint-André se trouvait sur la zone qui fut exploitée et qu’il suivit le destin de ces stériles, il deviendrait peut-être hasardeux de tenter de le retrouver parmi ces résidus radioactifs où qu’ils se trouvent et il est alors très probable que le trésor reste à jamais… Ad custodiam Dei.
Sources :
– www.mysteresdevendee.fr
– Une famille vendéenne pendant la Grande Guerre de Vendée, Mémoires d'un père à ses enfants, par M.-J. Boutillier de Saint-André
Voici donc une histoire tout à fait classique. Les lieux décrits par Marin-Jacques-Narcisse Boutillier de Saint-André sont aisément localisables : le Bois des Granges, site du second enfouissement, celui qui ne fut jamais retrouvé, s’étend toujours à l’est de Mortagne et conserve peut-être encore dans son sol le dépôt en question.
A ce stade de notre dossier trois hypothèses se proposent à nous :
1. Le trésor a été découvert et le découvreur ne s’est jamais fait connaître.
2. Le trésor n’a jamais été découvert et il est toujours dans le sol, sur place.
3. Le trésor a été déplacé dans les opérations d’extraction de la mine d’uranium exploitée à cet endroit même à partir des années 50.
Ce site du Bois des Granges se trouve au contact de la mine d’uranium de Poitou-La Gabrielle, de laquelle fut extraite 48 tonnes de minerai radioactif entre 1957 et 1986, date de la fin de l’exploitation du site par la Cogema. Il se pourrait qu’une zone ancienne de la forêt ait été ainsi défrichée et exploitée dans le cadre de ces extractions, auquel cas le dépôt pourrait avoir été mis à jour sans pour autant avoir été récupéré.
Dans cette hypothèse le dépôt aurait pu être traité avec les « stériles », ces déchets qui contiennent de l’uranium, mais en doses trop faibles pour intéresser l’industrie nucléaire. Ces résidus d’extraction rejoignent ainsi souvent une « verse », endroit ou l’on versait les stériles (quelques fois des étangs). Si le dépôt des Boutillier de Saint-André se trouvait sur la zone qui fut exploitée et qu’il suivit le destin de ces stériles, il deviendrait peut-être hasardeux de tenter de le retrouver parmi ces résidus radioactifs où qu’ils se trouvent et il est alors très probable que le trésor reste à jamais… Ad custodiam Dei.
Sources :
– www.mysteresdevendee.fr
– Une famille vendéenne pendant la Grande Guerre de Vendée, Mémoires d'un père à ses enfants, par M.-J. Boutillier de Saint-André