On chante la Marseillaise dans les rues de La Verrie
Le curé Chabirand et ses paroissiens
A La Verrie (Vendée), le châtelain et le maire, réactionnaires, font déplacer le curé, qui ne voulut pas manifester aux inventaires - Les habitants le vengent en élisant des conseillers républicains.
La Verrie (Vendée), 11 novembre. - Dépêche particulière du "Matin". - Je me suis transporté à La Verrie, cette commune vendéenne où récemment neuf conseillers municipaux démissionnaient et entraient en lutte ouverte avec le maire et ses adjoints à propos du départ du curé. Ce curé, l'abbé Chabirand, âgé de soixante-trois ans, était très aimé de ses paroissiens ; mais il avait eu le tort de ne pas résister aux inventaires et s'était attiré ainsi l'inimitié des hobereaux du terroir, qui avaient escompté un violent conflit.
A la suite du déplacement de l'abbé Chabirand, une délégation d'habitants de La Verrie s'était rendue à l'évêché pour protester contre la mesure prise à l'égard du curé. L'évêque ayant refusé de revenir sur sa décision, l'abbé avait dû quitter La Verrie, mais il n'avait pas voulu accepter la compensation qui lui était offerte et s'était retiré dans sa famille.
La Verrie (Vendée), 11 novembre. - Dépêche particulière du "Matin". - Je me suis transporté à La Verrie, cette commune vendéenne où récemment neuf conseillers municipaux démissionnaient et entraient en lutte ouverte avec le maire et ses adjoints à propos du départ du curé. Ce curé, l'abbé Chabirand, âgé de soixante-trois ans, était très aimé de ses paroissiens ; mais il avait eu le tort de ne pas résister aux inventaires et s'était attiré ainsi l'inimitié des hobereaux du terroir, qui avaient escompté un violent conflit.
A la suite du déplacement de l'abbé Chabirand, une délégation d'habitants de La Verrie s'était rendue à l'évêché pour protester contre la mesure prise à l'égard du curé. L'évêque ayant refusé de revenir sur sa décision, l'abbé avait dû quitter La Verrie, mais il n'avait pas voulu accepter la compensation qui lui était offerte et s'était retiré dans sa famille.
Le départ du curé avait donné lieu à une manifestation très vive et le vieux prêtre avait été reconduit jusqu'à la gare d'Evrunes, à huit kilomètres de là, par un millier de paysans à cheval, en voiture et à pied.
A la suite de ces évènements, les habitants du pays désignèrent bientôt comme l'auteur du déplacement du curé le châtelain, M. de Kervenoael, et reprochèrent au maire, M. Bourgeois, ancien doyen de la Chambre des députés, de n'être pas intervenu en faveur de l'abbé.
C'est alors que, pour affirmer leur indépendance et marquer leur mécontentement, neuf conseillers donnèrent leur démission, ne laissant à la mairie que M. Bourgeois et M. de Kervenoael, avec deux de leurs métayers, conseillers municipaux.
Aujourd'hui avaient lieu les élections. Les conseillers sortants se représentaient avec deux de leurs camarades, destinés à remplacer deux conseillers décédés. En prévision de troubles et de manifestations, le préfet de la Vendée avait envoyé sur les lieux une brigade de gendarmerie voisine, sous les ordres du lieutenant Tardiveau. Le scrutin fut ouvert à huit heures, à la mairie, avec, au bureau, M. de Kervenoael comme président.
Une manifestation s'est produite sur la place de l'église et sur la place de la mairie, les électeurs s'étant rendus de l'une à l'autre en reprenant en choeur des refrains satiriques, improvisés pour la circonstance. Durant l'après-midi, une certaine effervescence a régné dans le bourg, où les auberges regorgeaient de curieux et où les mêmes chansons s'interprétaient. Pour la première fois, peut-être, dans les rues de La Verrie, à plusieurs reprises, le cri de "Vive la République !" fut poussé.
Enfin le résultat du scrutin est connu à sept heures et demie. La liste des onze candidats présentée passe à 500 voix sur 519 inscrits. On chante la Marseillaise dans les rues du bourg ; une très grande exaltation règne, mais il ne semble pas que des complications soient à craindre.
Article : Le Matin - numéro 8294 - 12 novembre 1906
source : La Maraîche Normande du 16 janvier 2015
A la suite de ces évènements, les habitants du pays désignèrent bientôt comme l'auteur du déplacement du curé le châtelain, M. de Kervenoael, et reprochèrent au maire, M. Bourgeois, ancien doyen de la Chambre des députés, de n'être pas intervenu en faveur de l'abbé.
C'est alors que, pour affirmer leur indépendance et marquer leur mécontentement, neuf conseillers donnèrent leur démission, ne laissant à la mairie que M. Bourgeois et M. de Kervenoael, avec deux de leurs métayers, conseillers municipaux.
Aujourd'hui avaient lieu les élections. Les conseillers sortants se représentaient avec deux de leurs camarades, destinés à remplacer deux conseillers décédés. En prévision de troubles et de manifestations, le préfet de la Vendée avait envoyé sur les lieux une brigade de gendarmerie voisine, sous les ordres du lieutenant Tardiveau. Le scrutin fut ouvert à huit heures, à la mairie, avec, au bureau, M. de Kervenoael comme président.
Une manifestation s'est produite sur la place de l'église et sur la place de la mairie, les électeurs s'étant rendus de l'une à l'autre en reprenant en choeur des refrains satiriques, improvisés pour la circonstance. Durant l'après-midi, une certaine effervescence a régné dans le bourg, où les auberges regorgeaient de curieux et où les mêmes chansons s'interprétaient. Pour la première fois, peut-être, dans les rues de La Verrie, à plusieurs reprises, le cri de "Vive la République !" fut poussé.
Enfin le résultat du scrutin est connu à sept heures et demie. La liste des onze candidats présentée passe à 500 voix sur 519 inscrits. On chante la Marseillaise dans les rues du bourg ; une très grande exaltation règne, mais il ne semble pas que des complications soient à craindre.
Article : Le Matin - numéro 8294 - 12 novembre 1906
source : La Maraîche Normande du 16 janvier 2015
Léandre Chabirand (1942-1917), curé de la Verrie (Vendée)
Madame Bitaud, historienne de la Verrie évoque la belle figure de du curé Chabirand, curé de la Verrie (Vendée) et ami des pauvres. Interview réalisée en 2011. Enregistrement et montage: Jo Laporte, Chambretaud.