Le May sur Evre : la légende de la chapelle Saint Tibère

Bien cachée en plein milieu des champs à l'ombre d'un cèdre centenaire. Cette chapelle du XVIème siècle, sobre mais authentique, a su échapper aux destructions des Guerres de Vendée. Située à 500 mètres de la route menant du May-Sur-Evre à Trémentines, le visiteur devra emprunter un chemin de ferme pour y accéder et profiter du charme de ce sanctuaire peu connu dont l'atmosphère ne le laissera pas indifférent.


La chapelle Saint Tibère (XVIème siècle)
La localisation de ce sanctuaire fort ancien ne doit rien au hasard. Ce lieu autrefois situé au milieu des bois semble être un antique lieu de culte païen christianisé. La chapelle est édifiée à proximité d'une ancienne pierre levée et d'une fontaine miraculeuse (détruite en 2008), censée guérir les fièvres. Ce lieu de culte, mentionné dans les archives au XVIème siècle, est placé sous le vocale de Saint Tibère.

Saint Tibère était un enfant romain de 14 ans, converti au christianisme, martyrisé près de la ville d'Agde par les troupes de l'empereur romain Dioclétien vers 304. Son culte se diffusa par la suite dans toute la Gaule jusque dans nos contrées sans doute par l'intermédiaire de la voie romaine Nantes-Poitiers toute proche.

Une niche dans le fond du chœur abrite une copie en plâtre de Saint Tibère, l'original ayant été détruit durant la Révolution par les Républicains qui occupèrent l'église et tentèrent de l'incendier, en vain.

L'intérieur de la chapelle qui a conservé sa charpente d'origine
La chapelle semble avoir vu le jour au XVIème siècle en réaction aux idées protestantes qui se développaient à l'époque en France sous l'impulsion de Luther et Calvin. le protestantisme qui refuse le culte des saints pratiqué dans la religion catholique. Les catholiques décidèrent d'affirmer et de marquer leur croyances par l'édification de nombreuses chapelles dédiées à tel saint ou sainte partout en France. Beaucoup de ces lieux de culte furent victimes de destructions et pillages au cours des guerres de religion. L'isolement de la chapelle Saint Tibère l'a certainement préservé d'un tel destin.

Une légende relate l'origine de cette chapelle. Celle-ci raconte qu'un berger s'étonnait de voir un de ses bœufs engraisser plus que tout les autres alors qu'il refusait de brouter l'herbe des prés. Aussi en observant l'animal, le berger vit que ce dernier s'évertuait à lécher une pierre a moitié enterrée. Il chercha à éloigner l'animal de la pierre mais celui ci y revenait à chaque fois.

Le berger en parla au curé qui décida avec l'aide des paysans voisins d'aller soulever la pierre pour voir ce qu'elle recelait. La pierre fut soulevée aussi trouva-t-on sous celle ci une statue de Saint Tibère, dont la réplique figure dans l'actuelle chapelle. Celle-ci fut transportée solennellement en l'église du May.

Mais dès le lendemain, on ne la trouva plus dans l'église, la statue était revenue à l'emplacement où elle avait été déterrée. Le curé la fit alors ramener en l'église du May, il fit fermer les portes à clefs et garder l'église de nuit. Aussi, le miracle se produisit une seconde fois. La statue retourna d'elle même là on on l'avait trouvée. On décida alors d'édifier une chapelle afin d'abriter la "statue récalcitrante"

Des légendes semblables existent ailleurs dans les Mauges comme à Notre Dame des Gardes. Elles cherchent à expliquer l'origine de ces sanctuaires anciens.

Statue en plâtre de Saint Tibère se trouvant dans le choeur
La chapelle a gardé sa magnifique t remarquable charpente d'origine. Les côtés latéraux sont percés par quatre ouvertures en plein cintre, typiques du XVIIème siècle. Il semblerait que le chœur ait été cintré puisque des traces de fondations existent à l'extérieur.

Au XIXème siècle, Jules Spal, historien local dit avoir découvert lors de fouilles dans la chapelle, un coffret de bois avec à l'intérieur une ardoise gravée de cinq croix inscrites dans un cercle, avec l'inscription "t. saint siège" et un missel.

L'édifice actuel reste très sobre, avec son sol en carreaux de terre cuite. Les baies sont de simples fenêtres a petits carreaux, on ne trouve aucun vitrail. Les murs sont enduits à la chaux. Un bénitier en granit existe encore à l'entrée. À gauche de l'autel, une statue de la Vierge, à droite, une statue de Saint Joseph.

Suite à des dégradations, il fut restauré durant l'hiver 1942-43 par Pierre Mary, charpentier, Jean Boisteau, maçon sous la direction de l'architecte M.Rabjeau de Cholet. Le clocheton fut refait en granit rose à cette occasion ainsi que le maître autel du chœur.

La chapelle gagnerait à retrouver une cloche afin de retrouver tout son cachet. L'édifice reste bien entretenu et fréquenté par les habitants des environs et les promeneurs.



Rédigé par Mickaël LECLERC le Mardi 23 Avril 2013 à 13:25 | Lu 1428 fois
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