Le garde suisse : un personnage oublié

Personnage emblématique des églises de nos régions jusque dans les années 1950, le suisse est un personnage dont la fonction est aujourd'hui disparue. Pourtant, cet homme avait un rôle bien particulier et prestigieux.


Le costume du garde suisse de Saint-Macaire en Mauges, porte jusqu'en 1948 par M. Milano Gazeau, dernier garde suisse de la commune.
L'existence des Suisses dans les églises remonterait à 1771, lorsque une ordonnance royale institut une pension pour les soldats vétérans de l'armée. Hors, les soldats suisses combattants pour le roi de France comme mercenaires depuis leur règne de François Ier furent exclus de la mesure. Il fut alors décidé de les envoyer et les repartir dans les paroisses du royaume afin d'en assurer le gardiennage et la sécurité ainsi que le service d'honneur.

Choisi par la suite, parmi les hommes de bonne réputation de la paroisse. Le suisse, revêtu de son costume rouge ou bleu à épaulettes rappelant celui des soldats de l'ancien régime était coiffé d'un bicorne surmonté d'une aigrette, semblable à ceux qu'avait les gendarmes il y a deux siècles. Cet uniforme brodé de fils d'or est également composé d'une culotte courte, de chaussures à boucles et de bas blancs, qui lui donnait une certaine autorité et prestance.

Détail du costume du garde suisse, le baudrier brodé au fil d'or, le pommeau de la canne et l'épée.
Il assistait aux cérémonies religieuses et en assurait le bon déroulement. Sa fonction est comparable à celle d' un chef d'orchestre ou d'un maître de cérémonie. Il accueille les paroissiens à la porte de l'église et les place aux bans ou chaises qu'ils ont loués pour l'année, tout en oubliant pas de récolter régulièrement le prix de la location. (Par exemple, à Notre-Dame de Cholet, celui-ci était au début du XIXème siècle de 2 sous). Attention à celui qui osait s'aventurer à une place qui ne lui était pas attribuée.

Par ailleurs, le suisse ouvre les processions en tête du clergé. Sa canne à pommeau qui frappe à chaque pas sur le pavé, donne le rythme et permet d'ouvrir la marche. Le long de sa canne marque également les instants de la cérémonie tels que les révérences.

En outre, le suisse possédait une hallebarde en cuivre et une épée qui étaient les attributs à de sa fonction de garde du lieu sacré confié. Cette fonction honorifique était par ailleurs rémunérée par la fabrique de la paroisse.

La couleur de costume du suisse varie en fonction du calendrier liturgique, les jours ordinaires, sa tenue est bleu, tandis que pour les solennités, il se revêt de son costume rouge.

Après guerre, La fonction de garde suisse a disparu peu à peu, les paroisses n'ayant plus les moyens de payer les frais d'un employé à demeure.


Rédigé par Mickaël LECLERC le Mardi 24 Décembre 2013 à 11:34 | Lu 4346 fois
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