Un déluge tous les 30 ans dans la vallée de la Sèvre nantaise

On trouve à la fin du registre de Cugand (Vendée) pour l’année 1770 plusieurs pages dans lesquelles M. de Chaille, recteur de la paroisse, décrit plusieurs événements du temps : attributions et prix des bancs de l’église, pénurie de grains à Nantes, ou encore une grande inondation dans la nuit du 25 au 26 novembre.


gravure sur bois, début XVIIe siècle

Voici ce qu’on peut lire sur cette catastrophe qui dévasta la vallée de la Sèvre jusqu’à Nantes : 
 

« La nuit du 25 au 26 novembre (1770) après une pluye continuelle qui avoit duré près de deux fois vingt quatre heures, les eaux de la rivière de Seivre (Sèvre nantaise) se débordèrent avec une impétuosité qui ruina presque tous ses riverains, l'eau monta dans cette paroisse à 27 pieds de hauteur (plus de 8,20 m). Depuis sa source jusqu'à Nantes, elle fit des ravages étonnans. 
 

Châtillon (actuel Mauléon) et Mortagne ont souffert beaucoup de dommages. Le sieur Bureau fabriq(uan)t de papier à Saint-Hilaire-de-Mortagne y a perdu environ seize à dix huit mille livres, ses moulins ayant été emportés, sa maison renversée et ses effets perdus. 
 

La vallée de Tiffauges fut aussi renversée. Il y a eu dans cette paroisse pour 24.490 livres de dommages suivant le procès verbal qui en fut fait pour envoyer au conseil et aux états de la province de Bretagne. La multitude de requêtes et de demandes en pareil cas empêcha qu’on put rien obtenir. L’extrait du procès verbal est à la fin du registre. Toute la vallée de Clisson fut inondée, les ponts emportés, on a évalué la perte de Clisson à 300.000 livres, les ponts de Pont-Rousseau à Nantes furent emportés. 
 

Cette inondation a fait faire les observations suivantes : dans l’année 1740, il y a trente ans, l’inondation commença à la fin de novembre ou au commencement de décembre. Trente ans auparavant pareille inondation c’est-à-dire en 1710. Et on assure qu’on a remarqué dans les archives du château de Clisson qu’en 1680, ce qui fait encore trente ans auparavant, il y eut encore une inondation considérable. Enfin et ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le père (Denys) Petau, jésuite, dans son histoire universelle, prétend par son calcul que le Déluge commença le 25 9bre (novembre) 1656 de la création du monde. »
 

Source : [Archives départementales de la Vendée]urlblank:http://www.archinoe.fr/cg85/etatcivil.php , état civil de Cugand, BMS 1770-1774, vue 13/62.
    

Rédigé par Nicolas Delahaye le Dimanche 25 Novembre 2018 à 22:08 | Lu 289 fois
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