Ces souvenirs de la Première Guerre mondiale se situent à l’entrée de l’église Saint-Maixent de La Verrie, côté nord. Quelle est leur histoire ?
Les commémorations ont commencé dès la Toussaint de 1918, lorsque la municipalité fit déposer dans le cimetière une couronne à l’intention des soldats de la commune morts pour la France, puis à l’occasion de la signature de l’armistice qui vit la commune se parer de drapeaux tricolores et d’illuminations.
On trouve la trace du vitrail du Sacré-Cœur dans le bulletin paroissial de février 1931, qui relate les réalisations au cours de la période 1906-1930. Il est écrit : « 1919 : Vitraux des nefs offerts en reconnaissance des grâces obtenues pendant la guerre ou en souvenir de membres aimés de la famille tombés au champ d’honneur ». Toutefois les bulletins disponibles aux Archives de la Vendée pour l’année 1919 ne contiennent pas davantage de précisions sur la pose de ce vitrail.
LE MONUMENT AUX MORTS
Les registres des délibérations municipales donnent en revanche plus de détails sur le monument aux morts installé juste en face, à la base du clocher. Le compte rendu de la séance du conseil municipal en date du 25 juillet 1920 indique que « le Conseil, après avoir pris connaissance de la lettre de Monsieur le Préfet en date du 17 mai 1920 relatif à l’exécution des monuments en l’honneur des soldats morts pour la Patrie ; considérant que l’initiative d’une souscription pour la construction d’un monument commémoratif a déjà été prise, que cette souscription a donné des résultats importants, qu’un second monument ferait double emploi avec le premier ; considérant d’autre part que la commune se doit à elle-même de perpétuer d’une façon durable le souvenir de ceux qui se sont héroïquement sacrifiés pour le pays, vote pour être inscrit au budget additionnel de 1920 la somme de 2.000 francs ». Le texte ajoute que le conseil municipal demande à l’État et au département de vouloir bien prêter leur concours à cette réalisation.
On apprend plus loin que le préfet de la Vendée invita aussi les communes « à faire planter le 11 novembre (1920) un arbre commémoratif à la victoire et de la libération de l’Alsace et de la Lorraine ». La municipalité de La Verrie fit donc planter un tilleul « qui restera comme un témoin de notre glorieuse victoire ».
Lors de sa session du 1er mai 1921, le maire de La Verrie, M. Émile de Kervenoaël, informa son conseil d’une lettre du préfet, datée du 20 avril précédent, annonçant « la célébration officielle de la fête de Jeanne d’Arc instituée comme fête nationale » et proposant que les drapeaux et lanternes servent également « pour le lundi de la Pentecôte où à l’occasion de l’inauguration du monument aux chers morts de la guerre, la municipalité et la société des combattants organisent une fête patriotique ».
L’inauguration de ce monument aux morts est décrite dans le bulletin paroissial d’octobre 1921 : « Le lundi 16 mai, bénédiction solennelle du Monument élevé dans l’église en l’honneur de nos chers soldats morts au champ d’honneur. Toutes les maisons étaient pavoisées aux couleurs françaises ; des banderoles et des guirlandes décoraient les rues principales, où affluait une foule de combattants de la grande guerre accourus de toutes les communes voisines pour honorer leurs frères d’armes de la Verrie ». Suit le déroulement de la journée : les discours, le défilé, la messe et la cérémonie au cimetière avec « l’appel aux 103 enfants de La Verrie tombés pour la France », sans oublier le banquet et l’illumination générale en l’honneur des combattants.
REIMS BOMBARDÉ DANS LE VITRAIL DU SACRÉ-CŒUR
Mais revenons au vitrail de la consécration au Sacré-Cœur. À l’instar de celui de Saint-Fulgent, la Grande Guerre apparaît au second plan, non dans un champ de bataille, mais dans une vue de la ville de Reims entièrement ravagée par les bombardements, et d’où seule émerge la façade sublime de la cathédrale. En observant ce paysage apocalyptique au téléobjectif, on distingue sur la gauche, au pied d’une église en ruines, trois petites croix dont une porte un nom invisible depuis le sol : Léon Dénoyers.
Ce nom ne figure pas dans la liste des soldats originaires de la commune, morts pour la France. En consultant la base de données du site Mémoire des Hommes, on ne trouve pas de Léon « Dénoyers », mais deux « Desnoyers ». Le premier, Léon-Amédée, est né à Nantes le 19 décembre 1872 ; caporal au 81e d’infanterie, il est mort des suites de ses blessures le 2 octobre 1915 à ambulance n°7 à Fosseux (Pas-de-Calais), et a été inhumé à Nantes, au carré militaire du cimetière de la Bouteillerie.
Le second, Léon-Émile-Ghislain, est né le 16 mars 1891 à Temploux (Belgique) ; 2e classe au 94e d’infanterie, tué à l’ennemi le 6 juillet 1915 au bois de la Gruerie, dans la Marne… à 80 km de Reims. Est-ce lui dont le nom apparaît en lettres minuscules dans le vitrail de La Verrie ? Si oui, était-il lié au maître verrier qui aurait ainsi voulu lui rendre hommage ? La question reste ouverte…