L'hiver 1709 eut des conséquences effroyables en France. Il faisait si froid que la vin gelait dans les tonneaux et qu'il fallait le découper à la hache. Les récoltes et la plupart des vignes et des vergers furent décimées.
Le curé du Girouard fit un compte rendu dans le registre de sa paroisse :
Le curé du Girouard fit un compte rendu dans le registre de sa paroisse :
(première page)
Cette année 1709 a été une des plus mauvaises
années qui ait passé depuis plus de trois siècles
ce qui paraît par les arbres qui ont péri par la
rigueur de l'hiver qui existaient depuis plus de
trois cents ans comme les pommiers, les châtaigniers,
les noyers, les chênes verts, les buis et autres.
La gelée n'a pas seulement attaqué les arbres les
plus forts et les plus vigoureux, elle a encore
fait périr les blés et gâter les vignes, il n'y a
presque point eu de métives [moissons] dans ce pays ici et
il ne s'est pas recueilli un raisin dans les plaines.
Le peu de blé qui a resté après la gelée n'est venu
à maturité qu'a la fin du mois d'août et il y en
a eu dans les champs au mois d'octobre et on n'a
pu le battre qu'au mois de novembre tant l'été a
été pluvieux, le prix du froment a été de
quatre cents livres le tonneau, le seigle de trois cents
livres, lausine (?) de quarante et cinquante écus
mais ce qui passe l'imagination c'est que le blé
noir, méchant grain, a valu comme le froment
une pistole le boisseau. Le vin de nos plaines
s'est vendu deux cents livres le tonneau. Jamais
la misère et la désolation n'a été si grande parmi
les peuples. L'état des pauvres n'a jamais été si
déplorable, n'y ayant presque personne en état de
les assister par la rareté et du blé et de l'argent.
Cette année 1709 a été une des plus mauvaises
années qui ait passé depuis plus de trois siècles
ce qui paraît par les arbres qui ont péri par la
rigueur de l'hiver qui existaient depuis plus de
trois cents ans comme les pommiers, les châtaigniers,
les noyers, les chênes verts, les buis et autres.
La gelée n'a pas seulement attaqué les arbres les
plus forts et les plus vigoureux, elle a encore
fait périr les blés et gâter les vignes, il n'y a
presque point eu de métives [moissons] dans ce pays ici et
il ne s'est pas recueilli un raisin dans les plaines.
Le peu de blé qui a resté après la gelée n'est venu
à maturité qu'a la fin du mois d'août et il y en
a eu dans les champs au mois d'octobre et on n'a
pu le battre qu'au mois de novembre tant l'été a
été pluvieux, le prix du froment a été de
quatre cents livres le tonneau, le seigle de trois cents
livres, lausine (?) de quarante et cinquante écus
mais ce qui passe l'imagination c'est que le blé
noir, méchant grain, a valu comme le froment
une pistole le boisseau. Le vin de nos plaines
s'est vendu deux cents livres le tonneau. Jamais
la misère et la désolation n'a été si grande parmi
les peuples. L'état des pauvres n'a jamais été si
déplorable, n'y ayant presque personne en état de
les assister par la rareté et du blé et de l'argent.
(seconde page)
Le commerce étant ruiné depour plus de
dix ans, joignez à tout ceci une guerre cruelle
qui ravage l'Etat depuis plus de vingt ans, toute
l'Europe armée et réunie contre la France.
Si jamais il arrivait rien de semblable dans la
suite à ce qu'a Dieu ne plaise, il faudrait semer
surtout du seigle, de lausine (?), de l'orge et de la
baillarge [orge de printemps] aussitôt après les gelées, ceux qui ont
ressemé ont parfaitement bien réussi, il y en a
qui ont labouré tout de nouveau et ensemencé
les terres tout comme ils auraient fait à la Saint
Michel, et d'autres se sont contenté de gratter les
sillons et de jeter du grain où il en manquait.
Les uns et les autres en ont recueilli en abondance
mais peu de gens se sont souciés de resemer en ce
canton aussitôt après les gelées, ils ont cru se
dédommager par le mil et le blé noir qu'ils ont
semé au mois de mai, ce qui n'a point réussi
en beaucoup d'endroits ou du moins le temps a
été si mauvais … (?) lorsqu'il fallait recueillir
les … (?) de grains qu'on a été trompé dans
l'espérance qu'on avait d'en avoir une grande
quantité.
Je prie Dieu que mes chers successeurs ne se
trouvent jamais dans une situation aussi triste
et fâcheuse que nous nous trouvons à présent.
Le 31 décembre 1709
Source : Archives départementales de la Vendée en ligne -> état civil -> Le Girouard -> Registres paroissiaux -> Baptême, Mariages, Sépultures 1707-janv. 1731 -> pages 29-30/161
Le commerce étant ruiné depour plus de
dix ans, joignez à tout ceci une guerre cruelle
qui ravage l'Etat depuis plus de vingt ans, toute
l'Europe armée et réunie contre la France.
Si jamais il arrivait rien de semblable dans la
suite à ce qu'a Dieu ne plaise, il faudrait semer
surtout du seigle, de lausine (?), de l'orge et de la
baillarge [orge de printemps] aussitôt après les gelées, ceux qui ont
ressemé ont parfaitement bien réussi, il y en a
qui ont labouré tout de nouveau et ensemencé
les terres tout comme ils auraient fait à la Saint
Michel, et d'autres se sont contenté de gratter les
sillons et de jeter du grain où il en manquait.
Les uns et les autres en ont recueilli en abondance
mais peu de gens se sont souciés de resemer en ce
canton aussitôt après les gelées, ils ont cru se
dédommager par le mil et le blé noir qu'ils ont
semé au mois de mai, ce qui n'a point réussi
en beaucoup d'endroits ou du moins le temps a
été si mauvais … (?) lorsqu'il fallait recueillir
les … (?) de grains qu'on a été trompé dans
l'espérance qu'on avait d'en avoir une grande
quantité.
Je prie Dieu que mes chers successeurs ne se
trouvent jamais dans une situation aussi triste
et fâcheuse que nous nous trouvons à présent.
Le 31 décembre 1709
Source : Archives départementales de la Vendée en ligne -> état civil -> Le Girouard -> Registres paroissiaux -> Baptême, Mariages, Sépultures 1707-janv. 1731 -> pages 29-30/161