Le cimetière de Mortagne-sur-Sèvre et les croix de 14-18
On parle peu des tristes records observés dans certaines familles, que la guerre a totalement ou partiellement décimées.
À Saint-Paul-en-Chablais, près d’Évian, une famille de vingt-cinq enfants aurait ainsi eu dix-huit fils mobilisés. Quatorze, pour une famille de la Manche. Neuf sur onze, chez les Duguy, à Mortagne-sur-Sèvre, en Vendée, les vieux parents, dont le mari est infirme, se retrouvant seuls, avec deux petits-enfants à charge et pour toutes ressources une allocation de 2,25 F. Neuf fils aussi, chez les Arqué, à Sainte-Croix, dans l’Ariège, et chez les Ruellan, à Saint-Malo. Sept, chez une veuve de Saint-Genest-Malifaux, dans la Loire, comme Louis Trousselier, surnommé « Troutrou » et vainqueur du Tour de France, en 1905, avait fait partie d’une fratrie de sept mobilisés, auxquels s’ajoutaient deux beaux-frères…
Deux jumeaux, Marcel et Robert Lemaître, d’Ablon, dans le Calvados, furent tués ensemble à l’âge de vingt ans par un obus perdu, le 10 janvier 1916, alors qu’ils venaient de se jeter dans les bras l’un de l’autre après l’assaut.
On ne saurait recenser les familles ayant eu trois fils morts. Les Harriet, à Guéthary, en Pays-Basque, dont deux, tombés le même jour (16 avril 1917) à deux heures d’intervalle et dans le même secteur. Les Trouillot, de Géziers-et-Fontenay, en Haute-Saône, qui seront inhumés ensemble. Les Rattaire, de Flumet, en Savoie, tués en moins d’un an. Les Masurel, industriels du textile à Roubaix (trois fils morts et deux prisonniers de guerre). Les Sabiani, de Casamaccioli, en Corse : trois fils tués pour quatre mobilisés, le quatrième, surnommé le « Bayard Corse », multipliant les actions d’éclat malgré la perte d’un œil.
Mais d’autres en ont perdu quatre : les Créac’h, à Vannes, les Bernard, à Cuers, dans le Var, les d’Elbee, en Pays basque, les Peignot, à Paris, les Duguy, déjà cités. Quatre aussi pour Gaston Doumer, un « sacrifice patriotique » qui comptera beaucoup pour son élévation à la présidence de la République, en 1931, alors que la génération des anciens combattants est partout aux commandes.
On en compta parfois cinq : chez les Tramaille, à Blanzy, en Saône-et-Loire, les Falcon de Longevialle, à Lyon, les Jardot, à Evette-Salbert, Territoire-de-Belfort, les de L’Estang, de Treflevenez, dans le Finistère, dont l’un des fils, marié, mourra en Suisse de la grippe espagnole en 1918 après trois ans de captivité sans avoir jamais vu son fils, né en 1914.
Six, chez les Ruellan, déjà cités, de Saint-Malo, ou chez cette mère clermontoise de sept fils, qui dira, en 1917 : « Ça va bien pour la patrie […]. Six ont été tués. Le septième est aveugle et fou. »
Car on restait patriote. Témoin cette Ariégeoise écrivant à l’un de ses trois frères survivants, sur onze partis à la guerre : « Maman pleure. Elle dit que tu sois fort et que tu ailles les venger… Fais ton devoir ».
Appel à témoignages
La guerre de 1914 et ses conséquences ou les événements qui l’ont accompagnée, comme la grippe espagnole ou le travail des femmes, ont marqué la vie de milliers de familles de poilus. Je recherche des familles dont elle a influencé le destin. Familles ou entreprises familiales ruinées ou enrichies, fratries éclatées ou décimées, couples séparés ou réunis, changements de statut, de profession, de religion, d’engagement… De même, en Moselle, des cas de familles divisées entre des branches francophiles et germanophiles, avec des combattants de chaque côté. Merci à tous ceux et celles qui pourront m’apporter leur témoignage.
source : lerepublicainlorrain.fr
À Saint-Paul-en-Chablais, près d’Évian, une famille de vingt-cinq enfants aurait ainsi eu dix-huit fils mobilisés. Quatorze, pour une famille de la Manche. Neuf sur onze, chez les Duguy, à Mortagne-sur-Sèvre, en Vendée, les vieux parents, dont le mari est infirme, se retrouvant seuls, avec deux petits-enfants à charge et pour toutes ressources une allocation de 2,25 F. Neuf fils aussi, chez les Arqué, à Sainte-Croix, dans l’Ariège, et chez les Ruellan, à Saint-Malo. Sept, chez une veuve de Saint-Genest-Malifaux, dans la Loire, comme Louis Trousselier, surnommé « Troutrou » et vainqueur du Tour de France, en 1905, avait fait partie d’une fratrie de sept mobilisés, auxquels s’ajoutaient deux beaux-frères…
Deux jumeaux, Marcel et Robert Lemaître, d’Ablon, dans le Calvados, furent tués ensemble à l’âge de vingt ans par un obus perdu, le 10 janvier 1916, alors qu’ils venaient de se jeter dans les bras l’un de l’autre après l’assaut.
On ne saurait recenser les familles ayant eu trois fils morts. Les Harriet, à Guéthary, en Pays-Basque, dont deux, tombés le même jour (16 avril 1917) à deux heures d’intervalle et dans le même secteur. Les Trouillot, de Géziers-et-Fontenay, en Haute-Saône, qui seront inhumés ensemble. Les Rattaire, de Flumet, en Savoie, tués en moins d’un an. Les Masurel, industriels du textile à Roubaix (trois fils morts et deux prisonniers de guerre). Les Sabiani, de Casamaccioli, en Corse : trois fils tués pour quatre mobilisés, le quatrième, surnommé le « Bayard Corse », multipliant les actions d’éclat malgré la perte d’un œil.
Mais d’autres en ont perdu quatre : les Créac’h, à Vannes, les Bernard, à Cuers, dans le Var, les d’Elbee, en Pays basque, les Peignot, à Paris, les Duguy, déjà cités. Quatre aussi pour Gaston Doumer, un « sacrifice patriotique » qui comptera beaucoup pour son élévation à la présidence de la République, en 1931, alors que la génération des anciens combattants est partout aux commandes.
On en compta parfois cinq : chez les Tramaille, à Blanzy, en Saône-et-Loire, les Falcon de Longevialle, à Lyon, les Jardot, à Evette-Salbert, Territoire-de-Belfort, les de L’Estang, de Treflevenez, dans le Finistère, dont l’un des fils, marié, mourra en Suisse de la grippe espagnole en 1918 après trois ans de captivité sans avoir jamais vu son fils, né en 1914.
Six, chez les Ruellan, déjà cités, de Saint-Malo, ou chez cette mère clermontoise de sept fils, qui dira, en 1917 : « Ça va bien pour la patrie […]. Six ont été tués. Le septième est aveugle et fou. »
Car on restait patriote. Témoin cette Ariégeoise écrivant à l’un de ses trois frères survivants, sur onze partis à la guerre : « Maman pleure. Elle dit que tu sois fort et que tu ailles les venger… Fais ton devoir ».
Appel à témoignages
La guerre de 1914 et ses conséquences ou les événements qui l’ont accompagnée, comme la grippe espagnole ou le travail des femmes, ont marqué la vie de milliers de familles de poilus. Je recherche des familles dont elle a influencé le destin. Familles ou entreprises familiales ruinées ou enrichies, fratries éclatées ou décimées, couples séparés ou réunis, changements de statut, de profession, de religion, d’engagement… De même, en Moselle, des cas de familles divisées entre des branches francophiles et germanophiles, avec des combattants de chaque côté. Merci à tous ceux et celles qui pourront m’apporter leur témoignage.
source : lerepublicainlorrain.fr